Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître
(n°263-octobre 2017): un dossier sur l'habitat d'urgence, des détails
sur les nez de dalle et une matériauthèque consacrée à l'île de Nantes.
Mais aussi une enquête sur Xiamen, vitrine du "rêve
urbain et environnemental" chinois, et les réalisations du mois: un parc
urbain à Séoul par MVRDV, l'Ensae ParisTech à Palaiseau par CAB, l'hôtel de la Monnaie à Paris par Philippe Prost,
44 logements sociaux à Saint-Denis par Atelier Krauss, ainsi que le
technocentre de Renault à Guyancourt par Chartier Dalix. En référence,
le Ulis, une ZUP devenue ville (Robert Camelot et François Prieur arch.
en chef, 1960-1977).
SOMMAIRE
MVRDV - CAB - PROST - KRAUSS - CHARTIER DALIX
ENQUETE Xiamen, vitrine du "rêve urbain" chinois
DOSSIER Habitat d'urgence
REFERENCE Les Ulis
DETAILS Nez de dalle
MATERIAUTHEQUE L'île de Nantes
EXPO Mutations japonaises
EDITO
Paradoxes
La notion d'hébergement d'urgence semblait se poser avec moins d'acuité
depuis l'après-guerre et la reconstruction, malgré la crise et les
sans-abri toujours présents dans le paysage urbain. Mais deux phénomènes
récents la remettent brutalement au premier plan: les migrants fuyant
les guerres, les dictatures ou la misère du sud et de l'est de la
Méditerranée, et le changement climatique, qui intensifie la fréquence
et l'intensité des ouragans, comme en ont témoigné à la fin de l'été
Harvey, Irma, José et Maria, tous dévastant les îles Caraïbes.
Convoquant le souvenir des pavillons modulaires montables en quelques
heures conçus par Jean Prouvé -La Maison pour les sinistrés de Lorraine,
en 1944, ou La Maison des jours meilleurs répondant à l'appel de l'abbé
Pierre en 1954-, des architectes proposent aujourd'hui des solutions
économiques et faciles à mettre en œuvre. L'enjeu est de fournir aux
sans-abri un hébergement provisoire mais digne, qui s'éloigne de l'image
stigmatisante du camp pour s'intégrer à des quartiers. En la matière,
l'Allemagne, qui a su loger plus d'un million de migrants depuis 2015,
nous montre la voie (lire p. 53 à 61).
L'architecture est une discipline paradoxale. Elle doit répondre aux
besoins des populations les plus démunies mais aussi savoir manier les
icônes à l'échelle des villes. A sa manière, la tour Montparnasse, à
Paris, en est une. Mal aimée, elle orne depuis maintenant plus de
quarante ans la perspective de la rue de Rennes. Les sept projets en
lice pour sa "métamorphose" se sont évertués à la rendre plus
séduisante, plus acceptable. Pourtant, le projet lauréat (p. 8)
est celui qui touche le moins à sa silhouette, mis à part un léger
épaississement de sa base sur les 13 premiers niveaux et un couronnement
en forme de serre tropicale. Mais l'ensemble de sa façade vitrée,
sombre et opaque, sera déposé et remplacé par un double vitrage
ultraclair. Suffisant pour amadouer les Parisiens? Ils devront de toute
façon s'habituer à voir dans leur ciel de nouvelles tours, flirtant
avec les 200 mètres de hauteur: dans le XVIIIe arrondissement, la tour
du TGI (Piano, arch.) a été livrée fin août, tandis que dans le XIIIe,
les tours Duo (Nouvel, arch.) sont désormais en chantier. En revanche,
dans le XIVe, la tour Triangle (Herzog&de Meuron, arch.), poursuit
dans la douleur sa gestation. Si son permis de construire a bien été
accordé au printemps dernier, les édiles parisiens et le promoteur
Unibail-Rodamco prévoient deux à trois ans de recours.
Gilles Davoine, rédacteur en chef