Contrairement à la génération des Piranésiens français, qui
participèrent au développement de l'archéologie romaine puis essaimèrent
dans toute l'Europe le goût du retour à l'antique, la génération des
architectes nés autour de 1740 qui exercèrent avant et après la
Révolution française a peu bénéficié des progrès de l'historiographie
sur l'architecture des Lumières de ces trente dernières années. Ce
volume, centré autour de la figure de Jean-François-Thérèse Chalgrin
(1739-1811), permet d'étudier un groupe d'architectes formés pour la
plupart à l'Académie royale d'architecture, employés par les Bâtiments
du roi, qui partagent certes une culture commune, mais exercent leur
métier de manière bien différente. La Révolution qui balaya la clientèle
aristocratique marqua un arrêt brutal pour certains ou permit à
d'autres, bien plus nombreux, de s'insérer dans les nouvelles structures
administratives et sociales nées des décombres de l'Ancien Régime.
L'héritage
des architectes du goût « à la Grecque » semble procurer à cette
génération les bases d'une grande liberté d'invention dans le cadre de
grandes commandes institutionnelles comme dans celui de l'architecture
domestique, grâce à un renouvellement des modèles porté par une
connaissance de plus en plus fine de l'ailleurs. Ce recueil permet de
réévaluer les œuvres de ces quarante cinq années, toutes indifféremment
qualifiées de néoclassiques, dans une perspective comparatiste et de
remettre en question les appellations stylistiques liés aux périodes
historiques du « style Louis XV » à l'Empire.
Composé de
vingt-quatre contributions inédites organisées autour de quatre grands
thèmes - l'œuvre de Chalgrin, la trajectoire de ses contemporains en
France et en Italie, les nouveaux programmes architecturaux et enfin les
cadres institutionnels - ce volume permet d'offrir une vision
entièrement renouvelée d'une période mal connue de l'histoire de
l'architecture, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles.