Chicago reste l'archétype de la ville américaine. Et son architecture,
marquée du travail fondateur des Sullivan et Burnham, dans un souci permanent
d'innovation, la désigne comme centre originel de la modernité architecturale.
C'est ainsi que pendant les décennies d'après-guerre s'impose la figure de
Mies van der Rohe dont le rôle tutélaire a longtemps dominé la scène
architecturale de Chicago. Certains aspects de son oeuvre américaine sont
analysés pour montrer en quoi elle a servi de modèle au travail de grandes
agences de la ville, telles Skidmore, Owings et Merrill, ou C. F. Murphy.
Par ailleurs, Bertrand Goldberg qui a exploité les possibilités constructives
du béton armé et Walter Netsch avec sa théorie des réseaux illustrent
l'alternative à l'architecture structurale d'inspiration miesienne. La vague
postmoderniste initiée dans les années soixante-dix est abordée dans son double
aspect par une étude détaillée de la production théorique et des réalisations de
plusieurs architectes - Stanley Tigerman, Thomas Beeby ou Helmut Jahn - qui ont
marqué de leur influence, outre le décor urbain de Chicago, la production
architecturale internationale.
L'essai d'interprétation qui conclut l'ouvrage tente de décrypter les liens
parfois ténus entre l'architecture moderniste et postmoderniste à Chicago
au-delà des ruptures proclamées et replace le débat entre ces deux tendances
dans une perspective historique et spatiale élargie, dépassant Chicago et le
contexte de la culture américaine contemporaine.