Mon premier est un gratte-ciel. Mon deuxième est un grand
ensemble. Mon troisième est une banque, ou une école, ou un bureau de
poste. Mon tout se trouve à New York, Sarcelles, Rotterdam ou la
Défense.
C'est...le style international, à qui nous
devons cubes de béton, façades en verre fumé et ces intérieurs
beige-noir-blanc cassé à quoi semble se réduire l'architecture moderne.
Comment en est-on arrivé là ? Pour Tom Wolfe, tout commence en
Allemagne, aux lendemains de la Première guerre mondiale, avec le
Bauhaus, qui regroupe les jeunes Turcs de la nouvelle architecture sous
la direction de Walter Gropius. Leur devise : anéantir l'architecture bourgeoise.
Marxistes, ils rêvent de balayer les décombres de la vieille Europe
décadente, baroque et néo-classique, pour y édifier un monde rigoureux
et abstrait, célébrant les noces de l'Art et de la Technologie.
Chassés par la montée du nazisme, ils se réfugient aux États-Unis. Et
c'est alors que se produit le miracle : subjuguée, la classe dirigeante
américaine confia à un groupe de théoriciens le soin de définir son art
officiel. Entre-temps, Le Corbusier en France et le groupe de Stijl en
Hollande occupaient le terrain, propageant des idées analogues qui,
formant un nouvel académisme, devaient inspirer le travail de trois
générations d'architectes, d'un bout à l'autre de la planète.
Oui, il court, il court le Bauhaus. Et nul ne sait où s'arrêtera l'invasion de ce style international, abstrait et incolore.
Parce que la beauté est inséparable d'un certain art de vivre, Tom
Wolfe s'attaque avec une férocité tonique à cette nouvelle scolastique,
dénonçant ses dévots, ses clercs et ses dieux.
SOMMAIRE
Le prince d'argent
Utopie et Cie
Les dieux blancs
En avant pour Islip
Les Apostats
Les scolastiques
Blanc argent, gris argent