Avant-courriers du progrès, de l'aménagement et de la
croissance, les infrastructures ont déterminé les formes de la ville.
Un nouveau sentiment d'urgence face aux enjeux environnementaux a remis
en évidence le lien entre infrastructures et projections à long terme à
l'heure de l'urbanisation des continents.
Les infrastructures de ce nouvel âge du futur, fait de risques et de
précautions, loin des prospectives assurées des décennies du progrès,
ont elles aussi changé. Outil et horizon pour supprimer les frontières
et rapprocher les peuples, promouvoir démocratie et consommation, les
infrastructures se trouvent aujourd'hui au coeur des scénarios de
promotion et de communication d'une ville, dans le challenge d'une
concurrence économique et touristique mondiale.
Le territoire accède à son tour au statut de produit. Tandis que les
infrastructures chinoises jouent à plein leur rôle structurel et
politique dans un pays qui surpasse chaque mois les records en
construction d'ouvrages d'art, elles accompagnent la crise qui marque la
décroissance de nombre de régions industrialisées.
Les infrastructures vieillissent, disparaissent, se dissimulent.
Recyclées, hybridées, domestiquées ou monumentalisées, elles
redynamisent des territoires enclavés, reconvertissent des sites
désaffectés et redéfinissent l'image de la ville comme espace partagé
des flux et des vitesses.
L'autre polarité que constituent les pays du Sud révèle l'avancement
de nouveaux types d'infrastructure en passe de se substituer aux
logiques conventionnelles d'aménagement territorial, tout en palliant à
leur dysfonctionnement. L'Infraville explore les bouleversements en cours de la figure de l'infrastructure dans sa relation à la ville et aux territoires.