Examiner
dans le rapport à l'art et à la nature la construction du paysage, la
façon dont il se façonne et dont il façonne le regardeur lorsque la
pensée envisage sa composition, tel est un des objets majeurs du présent
ouvrage. C'est la question du rapport à la nature, dans la pratique des
peintres, mais aussi des artistes contemporains, qui est posée.
Le paysage, entre art et nature
se situe dans un courant d'études sur le paysage à la jonction entre
plusieurs disciplines - histoire de l'art, esthétique, philosophie -
initié il y a plus de cinquante ans par Ernst Gombrich ou Georg Simmel.
La nouveauté de cet ouvrage tient à la complémentarité des approches
entre des recherches inédites et pointues, effectuées par des experts du
domaine pictural. Le fil d'Ariane de la réflexion est le regard : celui
que porte l'artiste sur le monde qui l'entoure et qui le conduit à
construire un "tableau", une "scène" qualifiés de "paysage", celui du
commanditaire, et du ou des spectateurs qui découvrent le paysage puis
sont émus ou transformés par celui-ci. Le passage d'un regard à l'autre
ou aux autres est guidé par divers procédés qui visent à le canaliser ou
à le conditionner. Si la peinture de paysage apparaît en Europe comme
un moyen de comprendre et de s'approprier le monde, en Chine, elle
revient à "épanouir son esprit".
Dans tous les cas, peindre ou
composer un paysage implique de se confronter à la nécessité de faire
des choix, de hiérarchiser les éléments naturels pour ensuite, soit les
donner à voir dans leur infinie variété tout en constituant un monde
ordonné, qui tende vers le rationnel en Europe, soit les agencer en un
ensemble organique qui fonctionne par analogie comme un tout cosmique en
Chine.