À la fin du XVIIIe siècle, François
Cointeraux suscita un intérêt pour le pisé-de-terre. Ce livre retrace
l'histoire d'une culture de l'innovation caractéristique de la première
révolution industrielle.
À
partir de 1785, l'entrepreneur et maître maçon lyonnais François
Cointeraux fit la promotion d'une technique de construction en
pisé-de-terre d'origine vernaculaire dont l'usage était circonscrit au
sud-est de la France. Ses cahiers de l'École d'architecture rurale
publiés à Paris en 1790-91 ont été rapidement traduits en sept langues
(allemand, russe, danois, anglais, finlandais, italien et portugais).
Ils ont attiré l'attention d'architectes majeurs tels que Henry Holland
(1745-1806) en Angleterre, Thomas Jefferson (1743-1826) aux États-Unis,
David Gilly (1748-1808) en Allemagne et Nicolaï L'vov (1751-1803) en
Russie, lequel fonda une florissante école d'architecture en terre à
Tiukhili près de Moscou basée sur celle de Cointeraux à Paris. À travers
ses publications, Cointeraux généra un intérêt presque universel pour
ce matériau qui était aussi bon marché qu'abondant et favorisa son
adaptation à l'architecture rurale ou résidentielle.
Ce succès
peut être largement expliqué par un désir de revivifier l'architecture
rurale qui rejoignait la pensée des physiocrates et l'action des
sociétés d'agriculture. Pourtant, Cointeraux ne parvint pas à
populariser largement et durablement ses procédés en France. Ses
nombreuses publications n'eurent pas l'écho escompté auprès des
institutions concernées. Il est cependant représentatif d'une culture de
l'invention et de l'innovation très caractéristique de la première
révolution industrielle et de la naissance de l'architecture moderne.
L'ambition du colloque est de faire une synthèse des nombreuses
recherches conduites sur ce sujet durant ces vingt dernières années tout
en le replaçant dans un contexte plus large de l'évolution des idées et
des techniques.