Un livre d'art sur les vitraux de Claude Viallat à l'église Notre-Dame des Sablons d'Aigues-Mortes, autoédité par « Arts-Cultures-Foi » de Nîmes, grâce au don de 40 sérigraphies d'une oeuvre originale de Claude Viallat créée pour la circonstance, à une subvention de 5.000 € du Conseil général du Gard et au travail bénévole d'ACF-Nîmes.
Jean-Michel Wilmotte ouvre ainsi le livre :
Claude Viallat est un magicien : d'une empreinte qu'il trouva par hasard, il en fit un signe, une écriture.
Parfois un simple pochoir ton sur ton, en réserve avec ses contours, en bicolore, en tricolore.
Il joue sur la répétition, en petits groupes, en grandes surfaces (jusqu'à 2,50 mètres de haut par 80 de long à Toulouse), en cercle, en carré, en lés sur les supports les plus inattendus : stores, bannières, draps, parasols.
Tout support est bon s'il est prêt à supporter ce symbole obsessionnel.
A Aigues-Mortes, il n'y a plus de support, plus de pochoir, mais un cadre, la pierre, et une matière "le verre".
C'est cette matière transparente, translucide, claire, sombre, colorée, qui va servir de toile à l'artiste.
Quelle magie dans cette église du XIII e siècle.
L'œuvre de Viallat sert de filtre entre le soleil et l'ombre, le jour et la nuit.
Et la magie est là, le soleil se déplace, l'œuvre reste fixe, mais sa
projection se propage à l'intérieur de cet édifice religieux, les murs de pierre, les colonnes, les sols reçoivent et boivent les couleurs et les formes de Claude tout en se déformant et épousant les obstacles qu'elles croisent sur leur chemin. C'est une œuvre en perpétuel mouvement.
L'art du vitrail est splendide dans un lieu saint, il amène la vie, le silence et la gaîté.
Il rejoint ici des Jean Bazaine, Henri Matisse, Georges Braque, Pierre Soulages, Fernand Léger ou Jean-Pierre Raynaud qui ont su maitriser le verre au service de l'art sacré.
CONTENU :
- Sorte de Prélude, le premier chapitre proposera une réflexion générale sur « Christianisme et "Art sacré" ».
Peut-on dire qu'il existe un art sacré chrétien ?
L'art abstrait de notre époque et plus encore la peinture de Claude Viallat qui supprime tout sujet en répétant à l'infini la même « forme », peut-il avoir du sens dans une église ?
- Le second chapitre s'arrêtera brièvement sur la commande de Nevers qui marque l'émergence d'une nouvelle technique et ouvre un débat sur la légitimité de cet art répétitif en un tel lieu.
- Un troisième chapitre racontera la genèse des vitraux de Notre-Dame des Sablons à Aigues-Mortes.
- Le quatrième, consacré aux vitraux eux-mêmes, parcourra et présentera chaque ensemble : chœur, chapelles latérales, fenêtres hautes et mur du fond.
- Le cinquième montrera l'interaction qui s'est jouée entre le plasticien et son œuvre. Avec du recul, on peut y reconnaître une dimension spirituelle latente.
- Un sixième chapitre, enfin, sera consacré à la contemplation -ou si l'on préfère à l'émerveillement- soutenus par quelques phrases de Maurice Archet, Jean-Michel Wilmotte et Daniel Valade, ainsi que par des textes que ces vitraux ont inspirés à Michel Butor, Christian Skimao et Bernard Teulon-Nouailles, textes qui avaient été acquis par Bernard Durand en vue de l'édition future d'un ouvrage et qui nous ont été transmis par lui.