Une
réflexion sur le rôle et l'avenir des infrastructures modernes dans des
sociétés contemporaines qui vivent une évolution majeure.
Les infrastructures disputent à l'architecture le pouvoir politique
de faire image. Elles incarnent, comme elle, la puissance d'une nation
et la volonté d'en prolonger l'héritage. Cette évidence doit aujourd'hui
être relativisée, tant sont vacillants les contextes dans lesquels les
infrastructures sont bâties, gérées ou encore transformées.
Après la crise du progrès, l'effondrement des empires coloniaux ou
des totalitarismes, à l'époque de la dématérialisation des technologies
et de la multiplication des risques environnementaux, la question de la
durée et de la représentativité des infrastructures devient toujours
plus problématique. Que dire en effet de leur résistance, de leur
adaptabilité ou de leur valeur de témoignage dès lors que l'aura
qu'elles étaient censées représenter s'affaiblit et que l'ancrage
territorial ne constitue plus une de leurs données?
En analysant des exemples d'infrastructures produites dans plusieurs
contextes politiques - la dictature militaire brésilienne, le socialisme
soviétique, le colonialisme d'Indochine ou encore la démocratie
participative du « capitalocène » - cet ouvrage révèle combien leur rôle
symbolique se renouvelle de manière imprévisible. Il en interroge
également les destins potentiels, dans la cristallisation des
imaginaires politiques à venir, entre actualisations de modèles anciens
et fictions postapocalyptiques. Enfin, il se penche sur la résistance
qu'opposent les infrastructures aux perpétuelles mutations de la ville
contemporaine, et montre dans quelle mesure elles permettent d'assurer
l'ajustement entre le réel et les imaginaires qui traversent l'urbain.