L'étroite corrélation entre espace physique et ordre
social a été repérée dès les premières heures de la sociologie et de
l'anthropologie comme une clé de lecture essentielle des sociétés
humaines. De la sociologie durkheimienne aux approches structuraliste et
marxiste en passant par l'école de Chicago, chaque courant a développé
ses propres outils conceptuels pour décrypter la dimension sociale du
double champ de l'espace public et de l'habitat. De même, la sociologie
française des années soixante-dix, témoin d'incontestables et profonds
changements en matière de composition urbaine et de logement (collectif
et individuel), a réaffirmé la spécificité de ce qui sera désigné sous
le terme de « sociologie de l'habitat ».
Aujourd'hui
que les modèles référents de la maison individuelle et du grand
ensemble (tour, barre) cèdent peu à peu le terrain aux résidences
sécurisées et à de nouvelles formes hybrides de logement, la sociologie
de l'habitat appelle un renouveau.
Inscrit au cœur de ce nouveau
contexte, cet ouvrage-bilan, centré sur les pratiques, présente tout à la
fois une part de la capitalisation théorique et méthodologique de la
discipline, et énonce en la développant une théorie de l'appropriation.
Il a été conçu comme un manuel à l'usage de tous ceux qui, toutes
disciplines confondues, s'intéressent aux questions de l'habitat.